Le Château du Jarez

L’histoire du château du Jarez, aussi appelé Château de Montgolfier, est étroitement liée à celle des Forges et Aciéries de la Marine. Aujourd’hui, cette bâtisse est utilisée comme salle de réception et accueille des associations telles que le RhinoJazz(s).

Historique

Cette demeure est bâtie en 1897 par l’architecte Léon Lamaizière sur demande d’Adrien de Montgolfier, alors directeur général de la Compagnie des Hauts fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de fer. Siège de la Compagnie, ce château était alors destiné aux réceptions des hautes personnalités venues rendre visite aux usines. Le caractère somptueux et monumental du bâtiment devait alors exposer la grandeur et l’éclat à la Compagnie.

En 1911, Théodore Laurent, nommé directeur de la Compagnie, y séjourne avec sa famille durant l’été et lors de la Première Guerre Mondiale.

De 1940 à 1944, le château se transforme en asile pour la Société Lorraine des Aciéries de Rombas, qui de part l’occupation allemande ne pouvait pas retourner en Lorraine et poursuivre son activité.

A la suite de la Seconde Guerre Mondiale, l’activité du château varie au gré des différentes restructurations de la compagnie. En 1953 le château appartient à la Compagnie et Ateliers des Forges de la Loire (CAFL), puis, en 1970 à Creusot-Loire. Peu à peu délaissé par les directeurs généraux qui vivent à proximité du siège parisien de la compagnie, le château et son parc sont finalement mis en vente en 1979. Ils sont acquis par la ville de Saint-Chamond en 1981. Sur le vaste terrain de quatre hectares, de nombreux logements neufs sont alors bâtis. Le château quant à lui est réhabilité en logements et espaces d’accueil pour les organismes sociaux, des associations et est aussi mis à disposition comme salle de réception.

Architecture

D’un rendu éclectique, le château s’inspire des principes néo-classiques et notamment ceux initiés sous le règne de Louis XVI. La ligne et les angles droits dominent, sur un plan massé où seul un salon central en demi hors-d’œuvre apporte une fantaisie dans sa composition. A l’intérieur, escalier monumental et vastes pièces soulignent néanmoins la rigueur du style.

Adrien De Montgolfier (Pierre-Louis Adrien De Montgolfier)

Né le 6 novembre 1831 à Beaujeu, il est le petit-fils et petit-neveu des constructeurs de montgolfières, Joseph et Etienne Montgolfier. Il jouit d’une longue et prestigieuse carrière : il est président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-Etienne, ingénieur puis directeur général des Forges et Aciéries de la Marine et des chemins de fer. Pour ce titre, il deviendra commandeur de la légion d’honneur.

C’est après des études à l’Ecole Polytechnique (1851) et à l’école des Ponts et Chaussées, qu’il devient ingénieur dans la Drôme puis à Saint-Etienne à partir de 1861. Il y dirige notamment la construction du barrage du Gouffre d’Enfer (1866) avant de réitérer l’expérience sur le barrage de la Rive à Saint-Chamond en 1870.

En 1871, il est élu à l’Assemblée nationale et devient représentant de la Loire. On lui attribue alors le rôle de rapporteur de la commission des travaux publics. En 1874, il entre aux Forges et Aciéries de la Marine comme directeur et les dote des dernières technologies et d’un nouveau modèle économique. Grâce à son travail, il permet à l’usine de traverser les crises de la fin du XIXème et prépare sans le savoir l’entreprise aux énormes efforts de guerre que demandera 14 ans plus tard, la Première Guerre Mondiale.

En fondant en 1880 les forges du Boucau sur la face Atlantique, il permet en effet à Saint-Chamond de se spécialiser dans la fabrication du matériel de guerre pour la Marine, et ce, loin du futur front. Plus encore, on lui doit aussi l’achat par la Compagnie des usines d’Homécourt à l’Est en 1903. Le 30 janvier 1876, il est élu sénateur de la Loire, et se retire de la vie politique quatre ans plus tard. De 1888 à 1908, il est président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-Etienne. En 1908, âgé, il laisse la direction de la compagnie à son adjoint.

Il décède cinq ans plus tard, à l’âge de 81 ans, le 23 janvier 1913 dans le château du Jarez.

Léon Lamaizière

Pierre Lamaizière, aussi dit Léon Lamaizière, est né en 1855. Il est le fils de Jean Lamaizière et Claudine Royer, tous deux cultivateurs. Il entame une carrière de dessinateur en 1874 au bureau d’architecture de Saint-Etienne, avant d’ouvrir dès 1880 sa propre agence d’architecture. Cinq ans plus tard, il est nommé architecte-voyer, fonction qu’il quitte en 1902.

Avec son fils Marcel Claude Léon Lamaizière, né en 1879, ils vont réaliser de nombreux travaux architecturaux : maisons, hôtels particuliers, logements sociaux, édifices industriels, magasins…

On leur doit notamment à travers la France, l’édification d’un tiers des « Nouvelles Galeries » du territoire (galeries Lafayette). A Saint-Etienne, on leur doit la construction des usines Manufrance (sur le Cours Fauriel), la création de la Bourse du Travail, ainsi que celle de la Condition des Soies (rue d’Arcole). En 1923, Marcel Claude Léon décède. Deux ans plus tard son père cède l’agence à ses collaborateurs pour se retirer à Annecy, il meurt en 1941.