Les hôtels Richard-Chambovet, Ennemond Richard et Pâtissier

Cet ensemble est constitué de trois hôtels appartenant à Richard-Chambovet, Ennemond Richard et Jean-Baptiste Pâtissier, trois grands industriels des tresses et lacets qui ont œuvré durant tout le XIXème siècle. Ces hôtels constituent un ensemble urbain remarquablement conservé.

Historique

Premier hôtel de cette composition urbaine à voir le jour, l’hôtel de Richard-Chambovet est construit en 1827. il se compose de trois bâtiments positionnés en U, en face un jardin s’étendait jusqu’aux limites de la ville. Dans ce dernier, Ennemond Richard, le fils de Richard-Chambovet, construit à son tour son hôtel particulier. La bâtisse est vendue en 1872 à Jean-Baptiste Pâtissier, qui en 1885, fait édifier en miroir un nouvel hôtel et transforme le jardin en cour fermée.

Architecture

Ces trois hôtels particuliers arborent un style néo-classique. Le décor en façade est limité, les volumes sont simples et harmonisés. On retrouve, particulièrement sur l’hôtel Pâtissier et sur l’hôtel Ennemond Richard, de nombreux ornements antiques. Pilastres superposés, un fronton triangulaire et un oculus pour l’un ; pilastres, frise métope et modillons pour l’autre.

Plus sobre en façade, l’hôtel Richard-Chambovet s’inscrit quant à lui dans le style néo-classique grâce à un détail qui ne trompe pas : sur son balcon entre les initiales « RC », une lyre renvoie sans équivoque à la mythologie grecque.

Les marques d’une classe sociale aisée sont lisibles sur les trois bâtisses. Outre les riches modénatures de leurs façades, la taille importante des bâtiments, la présence d’espaces pour le personnel et l’ouverture d’une porte cochère (hôtel Richard-Chambovet), témoigne d’une vie fastueuse où les domestiques sont nombreux.

Personnalités

Charles-François Richard-Chambovet (1772-1851)

Cet industriel est à l’origine de l’introduction des métiers à tresses et lacets sur Saint-Chamond. Après une courte période dans l’armée, il travaille en tant que moulinier, puis comme passementier de padou. Ce type de ruban est à l’époque principalement utilisé pour décorer les chaussures et attacher les coiffes masculines. Dans un contexte où les hommes arborent de plus en plus les cheveux courts, l’activité de Richard-Chambovet se porte au plus mal au début du XIXème. En concurrence avec les industriels stéphanois, Richard-Chambovet fait faillite. Peu après, quasiment ruiné, Richard-Chambovet découvre et achète à Paris un métier à lacets rudimentaire. Il s’agit du métier Perrault, copie inachevée des métiers à tisser allemand (de Bâle). Richard-Chambovet en rapporte trois à Saint-Chamond et les améliore. Son épopée industrielle est alors lancée. Le développement rapide de ces métiers à tisser sur la ville, permet dès lors à Saint-Chamond de devenir en l’espace de trente ans, la capitale mondiale des tresses et lacets.

Ennemond Richard (1806-1873)

Fils de Richard-Chambovet, il devient comme son père industriel tisserand. A la mort de son père, il reprend la fabrique Richard. De 1848 à 1871, il est membre influent de la Chambre de Commerce de Saint-Etienne, dont il sera vice-président de 1867 à 1871. En parallèle de ses activités industrielles, cet érudit est également historien. Il entreprend des recherches sur l’histoire de Saint-Chamond, qui aboutissent à la publication d’un ouvrage paru en 1846 :  Recherches historiques sur la ville de Saint-Chamond. Cet ouvrage est depuis réédité en 1986 par les Amis du Vieux Saint-Chamond.

Jean-Baptiste Pâtissier

Il était le directeur d’une importante fabrique de tresses et lacets. Après les crises qui traverseront le secteur à la fin du XIXème siècle, il deviendra le directeur des Manufactures Réunies des tresses et lacets.

En effet, à partir de 1882, les petits ateliers de tresses et lacets subissent de plein fouet la concurrence allemande (région de Bâle). Pour faire face à cette concurrence grandissante, les fabriques de la ville s’unissent en grande société. En 1898, la Manufacture Réunie des Tresses et Lacets est créée. Elle fédère alors 10 maisons qui occupent plus de 20 000 métiers :  Alamagny, Oriol & Cie, Balas frères, Balas-Dubouchet, Irénée Brun & Cie, A Reymondon, Castel & Pâtissier frères, F. Macabéo, Joanny Dubouchet, Bergé et Marcoux, Chaland frères.

Un an plus tard, on constate la création de la Société Industrielle des Tresses et Lacets, ainsi que la Société Saint-Chamonaise de Tresses et Lacets.


Métier à tresses et lacets