L’hôtel Dugas de Chassagny

A quelques mètres de l'Hôtel Dugas de la Boissonny se dresse l'Hôtel Dugas de Chassagny. Cette grande bâtisse appartenait à un éminent membre de la grande famille Dugas, notables et rubaniers saint-chamonais. Sa façade et son jardin témoignent encore des goûts néo-classiques de la fin du XVIIIème siècle sur la ville.

Historique et architecture de l'hôtel

L’hôtel est bâti au milieu du XVIIIème siècle par la famille Dugas. Au cours du XIXème siècle, il est racheté par la famille Neyron et subit quelques modifications, telle que l’application d’un enduit de type ciment prompt. Ces dernières n’entachent néanmoins pas l’inscription de la bâtisse dans le pur style néo-classique.

La maison est construite sur le modèle des hôtels à la française, entre cour et jardin. Il est ainsi en retrait par rapport à la rue et dispose d’un jardin à l’arrière. A l’origine, il existait un mur de clôture qui bordait la route. La porte cochère, les bâtiments de conciergerie et les logements qui jouxtaient l’ensemble ont aujourd’hui disparu.

Le bâtiment présente un corps central avec six travées latérales, surmonté d’un fronton. Le perron central et son double escalier accroît la symétrie parfaite de l’hôtel. Le jardin à l’arrière est composé de deux parcs paysagers et d’une pièce d’eau. Son emplacement face à la façade côté jardin témoigne encore de la symétrie parfaite que prônait le style de l’époque.

Après l’anoblissement de la famille, l’étiquette était respectée au sein de l’hôtel. L’arrivée des propriétaires et des convives suivait alors un schéma précis que nous rappelle la cour de l’hôtel : le carrosse passe la porte d’entrée, s’arrête devant le perron, dépose ses occupants avant de rejoindre les écuries situées au fond de la cour.

Jean-Baptiste Dugas de Chassagny (1730-1814)

Jean-Baptiste Dugas naît le 13 septembre 1730 à Saint-Chamond. Il appartient à l’une des deux branches principales de la famille Dugas qui plus tard, se ramifie avec les Dugas-Montbel, les Dugas de la Boissonny, les Dugas Villard, etc. Jean-Baptiste Dugas étudie à Zurich la fabrication du ruban avant d’importer la procédure dans sa ville natale, Saint-Chamond. Avec ses frères, il monte une première fabrique de rubans qui va fonctionner jusqu’en 1860 sous la direction de Thomas Dugas, neveu de Dugas Montbel. De cette première implantation, l’industrie du ruban va progressivement s’étendre au département pour s’implanter tout particulièrement à Saint-Etienne. Pour cet apport industriel, Jean-Baptiste Dugas et son frère, Jacques Dugas, sont anoblis par lettres patentes du roi Louis XVI en 1777.

Jean-Baptiste Dugas achète alors vers 1785 le château de Chassagny où il passera sa retraite, jusqu’à sa mort en 1814. C’est ainsi que celle que l’on appelait la Grande Famille accroît ses nombreuses propriétés dans la région.

La rubanerie à Saint-Chamond

Jean-Baptiste Dugas introduit à Saint-Chamond le métier à la “zurichoise” vers 1767. Ce dernier révolutionne alors la fabrication du ruban. En 1777, les Dugas occupent 2400 métiers et font subsister 1200 familles à Saint-Chamond. “Vers la fin du XVIIIème siècle, près des trois quarts de la population ouvrière de Saint-Chamond étaient occupés soit dans les moulinages, soit dans les fabriques de rubans, mais les salaires étaient plus élevés dans ces derniers ateliers.”

”Vers 1840, le nombre de fabricants de rubans commença à diminuer sérieusement à Saint-Chamond. […] En somme, en 1846; il ne restait plus chez nous que les huits maisons suivantes : Dugas frères ; G. Sirvanton & Cie ; David et Dubouchet ; Grangier frères ; Etienne Roux & Cie ; Goutorbe & Cie ; Fulchiron & Cie ; Valicon & Cie.” Histoires de Saint-Chamond, Stéphane Bertholon, 1989, réédité en 2004.

En effet, peu à peu, l’industrie du ruban disparut de Saint-Chamond au profit de Saint-Etienne, où elle se développa de manière considérable. Moins rentables, les ateliers de passementeries ruraux autour de Saint-Chamond, étaient en effet moins adaptés que les ateliers urbains stéphanois. Alors que les passementiers sont payés à la pièce, en diminuant les temps de livraison de la soie, la passementerie stéphanoise gagne rapidement du terrain sur Saint-Chamond, qui se tourne alors vers les tresses et lacets.

Hôtel Dugas de Chassagny 360°