La fabrique Sirvanton
Il s'agit d'un des immeubles les plus remarquable de la rue de la République tant par sa composition éclectique que par sa monumentalité.
Guillaume Sirvanton (1762-1833) et son fils Jean-Baptiste Sirvanton (1795-1860) sont des fabricants et marchands de rubans à Saint-Chamond (rubaniers). Ils possèdent cette fabrique rue de la République, ainsi qu’une seconde propriété rue du Bréal, aujourd’hui disparue, qui était reconnaissable par son dôme en ardoises.
L’immeuble situé rue de la République, est construit par Jean-Baptiste Sirvanton en 1848 pour y abriter sa fabrique de rubans. Par la suite, il y adjoint des magasins de stockage, de pliage, des bureaux et une buanderie (vers 1854). Ce bâtiment est la vitrine de l’industrie rubanière des Sirvanton. Lieu de négoce et d’échanges commerciaux, son architecture monumentale témoigne ainsi de la fortune de son propriétaire et de la richesse des collections de rubans que vendait la famille.
On trouve au rez-de-chaussée des menuiseries de commerce et une porte cochère avec pilastres engagés introduisant une façade néo-classique qui tend vers l’éclectisme et la richesse des formes.
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Entrée monumentale avec deux colonnes toscanes sur deux étages,
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Baies en plein cintre,
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Les corniches qui séparent les étages,
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Un avant-corps central soulignant une symétrie parfaite de la façade,
Dans les années 1900, l’hôtel Sirvanton laisse place au magasin “Aux mille couleurs” qui vend papiers peints, produits chimiques, drogueries, toiles cirées et autres produits variés. Cette grande maison est tenue par Antoine Odin, successeur de la maison Roudon.
Le système de la Fabrique est caractéristique de l’activité rubanière dans la région. Pour survivre face aux soubresauts de la mode bourgeoise, l’industrie sépare lieux de négoces et lieux de fabrication. Tandis que dans les grandes fabriques urbaines on dessine les modèles, achète la soie, parfait et vend les rubans, la fabrication des pièces est confiée au passementier (ouvrier rubanier) qui travaille dans son propre atelier, sur ses propres métiers à tisser.
En ville ou à la campagne, l’architecture de ces ateliers familiaux répond aux besoins techniques précis de la profession. Ce sont généralement des ateliers avec un ou deux étages : au rez-de-chaussée on trouve la pièce de vie de la ou des famille(s), à l’étage l’atelier avec les machines. Pour laisser passer la lumière naturelle et éclairer les métiers à tisser Jacquard, les fenêtres y sont très hautes et la hauteur sous plafond d’un minimum de 5 mètres. L’éclairage au gaz ou à l’huile pouvant être dangereux dans un atelier textile, l’éclairage naturel est toujours privilégié.
L’avantage du système a permis à l’industrie rubanière de résister aux nombreuses crises qui traversent la profession. En cas de baisse des ventes, seuls les passementiers sont sur le court-terme véritablement impactés. Soumis au chômage certains doivent même vendre leurs métiers à tisser. Le rubanier n’a quant à lui que peu de stock et de machines. Sa fabrique peut ainsi plus aisément passer les périodes de baisse d’activité… en attendant que la mode bourgeoise utilise de nouveaux les rubans et que l’activité reprenne. A l’époque, le ruban suit le cours de la mode, pour le meilleur et pour le pire…