La gare de Saint-Chamond
Depuis l'arrivée du chemin de fer sur la ville, Saint-Chamond a connu l'existence de trois gares. Celles-ci ont joué un rôle majeur dans le développement industriel et économique de la ville.
L’histoire de la gare de Saint-Chamond est étroitement liée à l’histoire des chemins de fer. La présence d’un tel édifice dès les années 1840 témoigne de l’arrivée précoce du chemin de fer dans la vallée. En effet, la première ligne de chemin de fer d’Europe occidentale fut la ligne Saint-Etienne / Andrézieux. Inaugurée le 30 juin 1827 elle était alors dédiée au transport du charbon depuis Saint-Étienne. Envoyé sur des wagons tractés par des chevaux vers la commune d’Andrézieux, le charbon était ensuite expédié jusqu’à Roanne via des rambertes, barques à fond plat qui faisaient un seul trajet avant d’être détruites à Roanne.
La deuxième ligne de chemin de fer française fut ouverte en totalité le 1er octobre 1832. Elle reliait Saint-Etienne et Lyon et desservait entre autres, Rive-de-Gier, Givors et Saint-Chamond. Dès 1831 malgré des conditions rudimentaires de voyage dans des wagonnets de houille, elle fut la première ligne à transporter des personnes ! Elle est ouverte officiellement aux voyageurs en 1835. Pour assurer l’accueil des biens et des personnes, une gare est construite dès 1845 dans le quartier de Plaisance, à Port-Sec (littéralement « port de marchandises sans eau »). En 1857-1858, une nouvelle gare est construite plus à l’est de l’ancienne gare. Puis en 1913-1914, sur ce même emplacement, la gare actuelle va remplacer ce deuxième édifice.
La vocation première du transport ferroviaire est industrielle ; avec ses locomotives à vapeur et son culte de la vitesse, le chemin de fer est le symbole de la Révolution industrielle. Il contribue à l’expansion de l’activité industrielle en fournissant rapidement et à moindre coût les matériaux nécessaires à la production, il participe en outre à la croissance économique du pays en redistribuant à grande échelle les produits finis. Les chemins de fer vont ainsi permettre d’ouvrir de nouvelles voies de communication mais aussi de nouveaux marchés.
A Saint-Chamond, l’essor du chemin de fer va considérablement développer l’activité métallurgique de la ville. Celle-ci produisant en effet rails, éléments composant les trains tels que les roues ou axes. Du chemin de fer naît d’ailleurs la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de fer. L’usine débute son activité avec un brevet à l’époque révolutionnaire : la fabrication des roues de locomotives sans soudure.
A Saint-Chamond, le trajet du chemin de fer, avant même sa construction, s’inscrit abondamment dans les débats politiques. En effet, avant d’absorber trois des communes alentour en 1964 (Grand Saint-Chamond), la ville parvient à annexer dès 1830 des terrains sur les campagnes afin de repousser ses limites jusqu’à la ligne de chemin de fer. Industriel ou politique, le chemin de fer plonge très tôt la ville de Saint-Chamond dans les rouages de la Révolution industrielle.
La première locomotive à vapeur apparaît en Angleterre, en Cornouailles, en 1804 grâce à Richard Trevithick. En France, sur la première ligne de chemin de fer reliant Saint-Etienne / Andrézieux, ce sont des wagons à traction animale, tirés par des chevaux, que l’on retrouve dans un premier temps. La faible puissance des premières locomotives ne permettait pas de remonter les pentes de la vallée. En 1827, Marc Seguin invente la chaudière tubulaire à vapeur. Elle équipera la première locomotive française des chemins de fer, reliant Saint-Etienne à Lyon en 1832.
La seconde ligne de chemin de fer française transportant des voyageurs (Paris-St-Lazare / St-Germain-en-Laye) fut par ailleurs construite par un ingénieur bien connu de notre territoire puisqu’il s’agit d’un descendant de la famille Flachat, Eugène Flachat.