Le couvent des minimes
Ce couvent, fondé par Gabrielle de Gadagne, belle-mère de Melchior Mitte de Chevrière, remplit au cours des siècles diverses fonctions. Initialement bâtiment religieux, il abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville. Sa façade nord est inscrite aux Monuments Historiques le 9 septembre 1965.
En 1622, Gabrielle de Gadagne, veuve et sans enfant établit le couvent des Minimes afin de se réfugier dans la prière. Les lieux sont occupés dès 1624 par les Minimes, un ordre religieux d’ermites mendiants et pénitents, qui respecte quatre voeux : la chasteté, la pauvreté, l’obéissance et le jeûne de carême perpétuel (pas de viande, de laitage ou d’oeuf). Le bâtiment est initialement organisé autour d’un cloître et bordé d’une chapelle à l’ouest. Dans cette dernière Gabrielle de Gadagne fait ériger des tombeaux pour son époux et ses enfants défunts. C’est la façade de cette chapelle, désormais fondue dans le bâtiment qui est inscrite Monuments Historiques.
A la Révolution, le couvent est confisqué et vendu comme bien national à la ville en 1791. Pourtant, dans le contexte des troubles révolutionnaires l’édifice est néanmoins saccagé en 1792. Le mausolée est alors pillé et la bibliothèque, de plus de 400 volumes, est dispersée. Après cet épisode le bâtiment accueille les administrations, la municipalité, la gendarmerie et la Justice de Paix (qui remplace la justice seigneuriale).
En 1806, trois Frères des Ecoles Chrétiennes sont installés aux Minimes afin d’instaurer le Collège municipal (jusqu’en 1849). Mais alors que les bâtiments s’abîment rapidement il est décidé de transférer la mairie dans une bâtisse de la rue de la République et d’abandonner l’ancien couvent aux Frères Maristes. Ces derniers occupent les lieux de 1850 à 1877. De nombreuses modifications des Maristes marquent encore le bâtiment ; on leur doit la démolition du mur Sud, l’agrandissement du cloître et la construction du déambulatoire en briques au-dessus du cloître.
En 1877, après le départ des Maristes, l’ancien couvent accueille une école laïque de garçons, une école de dessin et une école professionnelle, avant d’abriter en 1882 l’école primaire supérieure et professionnelle de jeunes filles. En 1879, la mairie est de retour dans les murs. Elle apporte dans son giron plusieurs services tels que la Caisse d’Epargne et le Conseil de Prud’hommes. Les années 1879-1880 voient l’ouverture Sud s’affirmer avec la création du Jardin des Plantes.
De 1936 à 1938, des travaux sont réalisés : création d’un passage entre la cour d’honneur et la place de l’Hôtel de Ville et aménagement de la façade ouest en façade principale. Les derniers importants travaux datent de 2007, année durant laquelle le cloître est entièrement réhabilité afin de mettre en valeur ce qui est désormais une cour d’honneur.
On retrouve une trace de l’existence d’écoles à Saint-Chamond dès 1496. Du XVIème au XVIIIèmesiècles, l’enseignement se traduit par la création de séminaires, d’écoles supérieures et par la mise en place d’un enseignement dispensé par des religieux. Alors que la Collégiale Saint-Jean-Baptiste rassemble des savants, le Couvent des Minimes assure des cours publics de philosophie et de théologie. Ces derniers sont plus tard remplacés par la création des petites écoles des pauvres, qui entrent ensuite dans le giron de la Charité.
A la Révolution, la plupart de ces institutions religieuses disparaissent ; seules certaines seront rétablies quelques années plus tard.
L’arrivée des Frères des Ecoles Chrétiennes en 1806 marque un moment important dans l’histoire de l’éducation à Saint-Chamond. Ces frères seront chargés d’établir l’école municipale ainsi que le collège (qui s’installera aux Minimes en 1812). Face au succès de leurs cours, l’école est régulièrement transférée dans des lieux de plus en plus grands. En 1839, Monseigneur de Montdragon fait aménager la Grand’Grange pour y loger les Frères et leur école. Le lieu deviendra alors rapidement un espace de rencontres et de savoir.
Le collège municipal fondé par les Frères, en 1812, ferme ses portes en 1849. La ville installe alors les Frères Maristes de Valbenoîte dans l’ancien couvent des Minimes en 1850. Ces derniers dirigeaient jusqu’alors un florissant collège aux portes de Saint-Etienne qui a été détruit par les inondations. Le collège des Frères maristes connaît un grand succès jusqu’à leur départ en 1877.
Dans les années 1880, grâce aux lois Ferry, les écoles sont rendues laïques, gratuites et obligatoires. Suite à la loi de 1901 qui interdit les congrégations religieuses en France, de nombreuses écoles tenues par des religieux (telles que le pensionnat des Ursulines ou celui des Soeurs Saint-Charles) sont fermées. C’est dans ce contexte qu’en 1906, un siècle après leur arrivée, les Frères des Ecoles Chrétiennes quittent Saint-Chamond, laissant la place à de nombreuses écoles laïques.
Après le départ des Frères Maristes du couvent des Minimes, leur ancienne chapelle, construite en 1856-1857, est reconvertie en bibliothèque municipale. Elle conserve encore aujourd’hui son architecture et son riche décor d’origine. De plan rectangulaire, richement décorée et colorée, elle est ainsi composée de voûtes en plein cintre supportées au milieu par trois colonnes à chapiteaux composites, de voûtes sur croisées d’ogive dans l’ancien chœur. Des vitraux et des frises complètent l’ensemble.
Cette bibliothèque, fondée par François Coignet, a accueilli les 5000 ouvrages légués par Jean-Baptiste Dugas-Montbel à sa mort, le 30 novembre 1834. Aujourd’hui fermée au public pour raisons de sécurité, la chapelle pourra à l’avenir constituer un des plus importants projets de réhabilitation de la ville.