Le château et la collégiale
L’histoire du château de Saint-Chamond est parcellaire. Suite à la Révolution et sa reconversion en carrière de pierres, il ne subsiste que peu de traces de cette ancienne place forte, fief des seigneurs de Saint-Chamond. Vingt-deux seigneurs et marquis se succédèrent ainsi dans ses murs.
L’existence d’un premier château sur la colline Saint-Ennemond est attestée au Xème siècle. En 1185, Briand de Lavieu vend sa seigneurie à Gaudemar 1er de Jarez ; nous savons alors que le château entre dans le domaine du Jarez. Au commencement du XVIème siècle le début des guerres de Religion entraîne l’édification de nouvelles fortifications. A cette occasion l’église Saint-Pierre initialement située près du château est rasée.
En 1610, Melchior Mitte de Chevrières, grand bâtisseur entreprend de nouveaux travaux d’agrandissement et d’embellissement du château. En 1634, pour parfaire son œuvre il fonde la Collégiale Saint-Jean Baptiste, achevée en 1642, sur le flanc rocheux de la colline. Cet édifice religieux était accessible via un monumental escalier, dont il ne reste aujourd’hui que le soubassement, qui avait pour but de sublimer la collégiale comme le château.
De 1640 à 1642 il fait construire les écuries et les granges du château. Ces dernières sont aujourd’hui toujours visibles. A sa mort, ses successeurs se contentèrent d’embellir les abords, de régler les dettes et d’exploiter le potentiel minier de la colline.
En orchestrant l’abolition des privilèges de la noblesse et du clergé, et la confiscation de leurs biens, la Révolution française marque durablement l’histoire du château de la colline. Le château et la collégiale sont alors pillés par les habitants, vidés de leurs biens et détruits. Alors que le château est transformé en carrière de pierres de 1795 à 1796, avant d’être vendu en parcelles comme biens nationaux, la collégiale pillée et saccagée, est démolie au début du XIXème alors qu’elle menaçait ruines.
Aujourd’hui, de ce vaste complexe politico-religieux ne subsistent que les écuries, les murs de soutènements, une porte du château, un clocher dénaturé par les habitations qu’il l’abrite et les restes d’une abside.
La collégiale de Saint-Jean-Baptiste présente la particularité d’avoir son clocher sous l’église. Melchior Mitte de Chevrières ne souhaitait pas que le clocher obstrue la vue depuis le château, ainsi que son pouvoir seigneurial… On accédait à cette collégiale par un escalier monumental qui donnait sur une imposante porte, au-dessus de laquelle on pouvait lire en latin : “Arrête passant et admire le chef-d’œuvre d’un grand homme, témoignage éclatant d’une grande piété”.
La collégiale était construite à partir d’un carré de vingt mètres de côté. Autour, quatre demi-cercles formaient les absides. Elle reprenait ainsi les éléments architecturaux de la Renaissance italienne en offrant la symétrie et un équilibre parfait, et en arborant des références à l’Antiquité (colonne, pilastre, dôme, voûte en plein cintre).
En 1839, le fils de l’ancien marquis de Saint-Chamond, Monseigneur de Montdragon, fait aménager les écuries du château pour y loger les Frères des Ecoles Chrétiennes. Le bâtiment est alors modifié en profondeur pour être utilisé comme lieu de résidence, puis d’enseignement (percement de fenêtres et travaux d’intérieur). En 1852 on y adjoint la chapelle de la Grand’Grange et en 1889, l’Ecole supérieure professionnelle de la Grand’Grange est fondée. Ce lieu historique devient une institution, un espace d’apprentissage et de développement artistique important à Saint-Chamond.
Aujourd’hui encore un lycée professionnel et technique occupe toujours ces anciennes écuries.
Dans l’histoire de Saint-Chamond, Melchior Mitte de Chevrières (1586-1649) est le seigneur le plus illustre de la ville. On lui doit un grand nombre de monuments. Il fait construire l’église Saint-Pierre pour honorer la promesse de son grand-père Christophe de Saint-Chamond, achève le couvent des Capucins, fait édifier le couvent des Minimes, la collégiale Saint-Jean-Baptiste, le monastère des Ursulines et le château de Saint-Chamond.
Premier seigneur de Saint-Chamond à accéder au rang de marquis en 1610 grâce à Marie de Médicis, ses titres sont nombreux. On le nomme comte de Miolans et d’Anjou, premier baron de Lyonnais et de Savoie, chevalier des deux ordres du Roi, conseiller du roi, lieutenant-général de ses armées, général et diplomate.